Des enfants palestiniens déploient un drapeau palestinien au camp de réfugiés de Kalandia, en Cisjordanie, le 1er décembre.
L’annonce est tombée par communiqué, vendredi 27 mars, juste avant le début du shabbat. Le gouvernement israélien a décidé de mettre fin à un gel de trois mois dans le versement des taxes qu’il perçoit au nom de l’Autorité palestinienne, en particulier les droits de douane.
Au total, depuis le début du mois de janvier, c’est près de 340 millions d’euros qui manquaient dans les caisses palestiniennes. Ces fonds collectés par Israël pour le compte de l’Autorité depuis les accords d’Oslo de 1993, représentent près de la moitié du budget palestinien. Obligée de contracter des crédits auprès de banques commerciales, l’Autorité a aussi décidé pendant cette période de ne verser que 60 % des salaires à ses employés. Le risque d’une déstabilisation sociale de grande ampleur était à craindre en Cisjordanie.
« Raisons humanitaires »
Benyamin Nétanyahou a choisi de suivre les recommandations du ministère de la défense et du Shin Bet (le service de renseignement intérieur). Le communiqué justifie la fin du gel par des « raisons humanitaires et les intérêts d’Israël » dans le contexte actuel. Il mentionne aussi « la détérioration de la situation au Moyen-Orient », qui oblige à « agir de façon responsable ». Rien à voir, officiellement, avec les pressions internationales, en particulier européennes et américaines, qui se sont multipliées à ce sujet.
A l’origine, cette mesure, qui avait déjà eu de nombreux précédents, a été conçue comme une punition contre l’Autorité palestinienne, après ses démarches dites « unilatérales ». En décembre, Mahmoud Abbas avait présenté au Conseil de sécurité des Nations unies, par l’intermédiaire de la Jordanie, une résolution fixant un terme à l’occupation israélienne de la Cisjordanie. L’Autorité palestinienne avait ensuite décidé de ratifier le traité de Rome, ouvrant la voie à une adhésion à la Cour pénale internationale. Cette adhésion, effective le 1er avril, permettra dès cette date de réclamer des poursuites contre Israël pour « crimes de guerre », commis par exemple lors du conflit de l’été 2014 dans la bande de Gaza.
Cette décision de bonne volonté de la part du gouvernement israélien était attendue, après les élections législatives du 17 mars. Les déclarations incendiaires de M. Nétanyahou, le jour du vote, contre la mobilisation des Arabes israéliens, ainsi que la dégradation spectaculaire des relations avec l’administration américaine obligent le premier ministre à faire des gestes de modération. Ils ne changent rien au blocage complet entre Israéliens et Palestiniens, mais desserre un peu l’étau autour de Mahmoud Abbas. La constitution du nouveau gouvernement israélien – les négociations battent leur plein avec les partenaires de la droite nationaliste et religieuse – donnera un indice plus précis de la direction choisie par Benyamin Nétanyahou.